Fenêtres sur le Japon en mangas : d’hier à aujourd’hui
Fenêtres sur le Japon en mangas : d’hier à aujourd’hui
Présenté par Haxseto
Cette sélection de mangas propose de mettre en avant la vision des auteurs sur leur pays. Chacun à sa façon dépeint des tranches de vie : parfois de manière biographique, comme Elle s’appelait Tomoji, Une sacrée mamie, ou Daisy, Lycéennes à Fukushima. Parfois pour dénoncer la société japonaise en espérant faire bouger les lignes, comme Solanin, le mari de mon frère ou De l'autre côté de l'horizon. Laissez-vous porter par ces quotidiens simples dans Kamakura Diary ou violents dans Une femme de Shôwa et Ushijima, usurier de l’ombre. Mon choix s’est centré sur les ères Heisei et Shōwa (voir encadré), en commençant par les œuvres les plus récentes (avec un mode de vie plus proche du nôtre), et s'en éloigne petit à petit pour mieux comprendre les fondations de la société japonaise actuelle.
Cet Univers constitue autant de fenêtres sur le Japon qu’il y a de scénaristes / dessinateurs. Il vous fera rire, réfléchir et parfois pleurer, mais vous donnera quelques clés de compréhension de ce beau pays.
De l'Autre côté de l'horizon
#Reconversionprofessionnelle #Critiquesociale
De l'Autre côté de l'horizon - Hinata Nakamura, 2018, 3 tomes aux éditions Delcourt
Le Mari de mon frère
#Homosexualité , #Différenceculturelle
Le Mari de mon frère - Gengoro Tagame, 2014, 4 tomes aux Editions Akata
Vivre avec les tremblements de Terre
Le Japon est proche de quatre plaques tectoniques. Cette situation géographique particulière lui vaut d’être habitué à vivre avec les tremblements de terre (le plus ancien enregistré date de l’an 684 de notre ère). Ses habitants ont donc appris à construire des infrastructures pouvant résister aux fortes secousses, faisant de ce pays l’un des endroits les plus sûrs en cas de séisme. Les systèmes d’alerte sont omniprésents : tous les téléphones mobiles au Japon sont capables de réceptionner ces alarmes. Des milliers de secousses d’intensité variable sont ressenties au Japon chaque année. Les conséquences, parfois traumatisantes, sont bien évidemment traitées dans la littérature. Voici quelques-uns des séismes les plus meurtriers et leur évocation en mangas :
1er septembre 1923 : le séisme de Kantō, d'une magnitude de 7,9, qui fit plus de 100 000 morts et occasionna la destruction par un incendie de la plupart des maisons en bois. Aperçu dans le manga « Elle s’appelait Tomoji ».
28 juin 1948 : le séisme de Fukui, d'une magnitude de 7,3, qui fit 5 131 morts.
17 janvier 1995 : le séisme de Kōbe, d'une magnitude de 7,2, qui fit 6 437 morts et 43 792 blessés. L’un des sujets du manga « Moving Forward » (également sur izneo).
11 mars 2011 : le séisme de Tōhoku au large de Sendai, d'une magnitude de 9,0, qui fit plus de 18 000 morts et disparus. Le principal sujet du manga « Daisy, lycéennes à Fukushima »
Daisy, Lycéennes à Fukushima
#Témoignage, #TrancheDeVie
Daisy, Lycéennes à Fukushima de Reiko MOMOCHI (2012), 2 tomes aux éditions Akata
Silver Spoon, la cuillère d’argent
Écrit par l’autrice de Fullmetal Alchemist (née dans une famille d’agriculteurs), cette série est remplie de « bon sens paysan » et d’informations sur l’agriculture japonaises (le lycée Ohezo est fortement inspiré d’un lycée réel). Le décalage entre le citadin Yûgo et ses camarades, qui ont tous un rêve lié à l’agroalimentaire, est dépeint avec beaucoup d’humour. La série, bien qu’étant pédagogique, est principalement centrée sur le développement personnel de Yûgo, et sait se renouveler pour surprendre le lecteur.
#Agriculture
Silver Spoon, la cuillère d’argent de Hiromu ARAKAWA (2011), 15 tomes aux éditions 12-21
Solanin
Meiko Inoue et Naruo Taneda se sont rencontrés au lycée. Depuis un an, elle est salariée dans une société, et lui se contente de petites missions d’illustration peu lucratives en attendant le succès de son groupe de musique. Meiko, qui s’ennuie dans sa routine, décide de quitter son travail pour partir à la recherche du bonheur. Quel impact cela aura-t-il sur leur couple ? Faut-il forcément renoncer à ses rêves d’enfant pour devenir un adulte responsable ? Comment supporter une routine que l’on n’a pas choisie ? Nous suivons le quotidien de ce jeune couple représentatif du malaise de la jeune urbaine.
Beaucoup d’émotions dans ce récit réaliste d’Inio Asano, où la jeunesse tokyoïte du début du XXIème siècle souffre d’un quotidien précaire.
#JeuneAdulte #DébutDeVieActive
Solanin de Inio ASANO (2005), 2 tomes aux éditions Kana
La Religion au Japon
Le shintoïsme (littéralement la voie du divin) est un ensemble de croyances vénérant les kamis. Le terme « shintō » est apparu pour différencier cette vieille religion du bouddhisme importé de Chine au Japon au VIe siècle.
La majorité des japonais pratiquent plusieurs religions. Une même personne peut aller prier au sanctuaire shintō au Nouvel An japonais pour attirer le bonheur sur cette nouvelle année et avant les examens d'entrée à l'école pour espérer leur réussite, avoir un mariage chrétien dans une église, et des funérailles dans un temple bouddhiste.
Un peu de vocabulaire pour s’y retrouver dans les mangas :
Un kami est une divinité qui peut être un élément de la nature (une cascade, une montagne…), un animal (un renard, un tanuki…) ou une personne décédée (un ancêtre, un empereur). Ils sont vénérés et respectés. La présence d’un kami peut être symbolisée par un gohei, constitué de deux bandes de papier pliées en zigzag (par exemple autour d’un arbre centenaire).
Le temple étant réservé à la pratique du bouddhisme, on parle d’un sanctuaire shintō. Il est le domaine d’un kami. L’entrée d’un sanctuaire est symbolisée par un torii, un portail sacré constitué de deux linteaux qui marque la frontière entre le pur et l’impur.
Kamakura Diary
Sachi (29 ans), Yoshino (22 ans) et Chika (19 ans) sont trois sœurs qui vivent dans la maison familiale. Sachi travaille dans un hôpital, et s’avère être la plus mature des trois. Yoshino travaille pour une compagnie d’assurance. Elle ne sait pas choisir ses mecs et finit par noyer son chagrin dans l’alcool. Quant à Chika, c’est un vrai garçon manqué. Quand elles apprennent le décès de leur père, qu’elles n’ont pas vu depuis quinze ans, elles décident d’être quand même présentes à son enterrement. Elles y découvriront une demi-sœur, Suzu (14 ans), qui semble avoir été privé de son enfance tant elle est mature. Celle-ci acceptera la proposition qui lui sera faite de venir vivre avec ses demi-sœurs. Chacune à son tempérament, ses forces et ses faiblesses. Nous suivons l’évolution de leur caractère au gré des épreuves de leur vie. Les personnages sont très bien décrits, on s’y attache très vite et on vit avec elle dans la ville contemporaine de Kamakura.
# TrancheDeVie # Famille
Kamakura Diary de Akimi YOSHIDA (2007), 9 tomes aux éditions Kana
Ushijima, usurier de l’ombre
Ushijima est un yamikin, c’est-à-dire un usurier travaillant pour le compte de yakusas. Bien qu’étant le protagoniste principal de ce manga, ce n’est pas son quotidien qui est raconté. C’est celui des personnes qui, pour une raison ou une autre, sont tombées dans le surendettement. Trentenaire accro au pachinko, office lady ruinée par des achats compulsifs… tous se retrouvent acculés pour rembourser leurs dettes. Ushijima leur prêtera de l’argent que s’il a la garantie d’un remboursement, que ce soit par la famille ou en ayant recours à la prostitution. Une vision froide, mais inspirée de faits réels. La déchéance humaine y est représentée de façon réaliste, et donc parfois violente. Âme sensible s’abstenir. Pour les autres, foncez découvrir cette œuvre forte de Shôhei Manabe.
#SociétéDenBas, #Surendettement
Ushijima, usurier de l’ombre de Shôhei MANABE (2004), 46 tomes aux éditions Kana
Le Calendrier japonais
Le calendrier grégorien que nous utilisons en France a été créé en 1579. Il s'est répandu dans tous les pays du monde jusqu'au milieu du XXe siècle. Le Japon, quant à lui, a instauré en 645 un calendrier basé sur les ères impériales japonaises (inspiré par la Chine où ce système n'existe plus). Aujourd'hui encore, ce calendrier est utilisé entre autres par l'administration japonaise, même si le calendrier grégorien est de plus en plus présent.
Il en va de même dans les mangas, où les plus anciens font très souvent référence à ces dates qui ne nous sont pas familières. Correspondant aux années de règnes d'un empereur sans en porter le nom, voici un repère pour vous y retrouver :
1912 - 1926 : Ère Taishō « ère de grande justice »
1926 - 1989 : Ère Shōwa « ère de paix éclairée »
1989 - 2019 : Ère Heisei « ère de l’accomplissement de la paix »
2019 - ???? : Ère Reiwa « ère de la belle harmonie »
Une Femme de Shôwa
Shôko Takano est née pendant la seconde guerre mondiale d'une geisha et d’un homme de lettres. Celui-ci, critiquant le gouvernement en place, est obligé de fuir. La mère de Shôko, torturée par la police spéciale, succombe à ses blessures lors d’un bombardement. Orpheline, la petite fille devient vagabonde et apprend à se débrouiller seule alors que le Japon, qui perd à ce moment-là la guerre, se retrouve occupé par les Américains. Comment survivre lorsque l’on est seule, et femme de surcroît ? L’ingénieuse Shôko saura saisir les opportunités qui s’offriront à elle, surtout si cela passe par des hommes qu’elle apprendra vite à manipuler.
Publiée initialement dans les années 1970, cette œuvre est un témoignage fort de l’après-guerre par des auteurs qui ont vécu cette période.
#Survie #VieDAprèsGuerre
Une femme de Shôwa de Kazuo KAMIMURA et Ikki KAJIWARA (1977), one-shot aux éditions Kana
Une Sacrée mamie
Peu après la Seconde Guerre Mondiale, Akihiro est un jeune garçon turbulent qui vit à Hiroshima avec sa mère et son frère. Mais celle-ci a du mal à joindre les deux bouts. À regret, elle est obligée de confier l’éducation de son cadet à sa mère, qui vit dans une campagne éloignée. Cette dernière vit également dans le quasi-dénuement, mais parvient à se débrouiller dans cet environnement dont elle maîtrise le moindre aspect. Du jour au lendemain, Akihiro se retrouve non seulement à devoir vivre avec sa grand-mère à la campagne, mais surtout aller à l’école sans avoir le ventre plein.
Sous les dessins de Saburô ISHIKAWA, Yoshichi SHIMADA met en scène sa propre enfance pauvre, mais pas dénuée de bonheur ! Chaque tome rapporte des tranches de vie indépendantes. C’est attachant et comique à la fois.
#Humour, #TrancheDeVie
Une sacrée mamie de Yôshichi SHIMADA et Saburô ISHIKAWA (2006), 11 tomes aux éditions Delcourt.
Le Fleuve Shinano
Cette œuvre, dessinée par Hideo OKAZAKI et scénarisée par Kazuo KAMIMURA est considérée par certains comme érotique. Mais le côté cru n’est là que pour mettre en exergue la bouleversante destinée de cette enfant née d’un adultère, persuadée de devoir en payer le prix.
#Années1930
Le fleuve Shinano de Hideo OKAZAKI et Kazuo KAMIMURA (1973), intégrale aux éditions Kana
Elle s’appelait Tomoji
Dans l’entretien en fin de volume, le mangaka Jirô Taniguchi explique qu’il a choisi de mettre en avant « le parcours de vie qui a façonné la personnalité de Tomoji ». Car c’est elle qui va fonder le temple bouddhiste Shôjushin, temple qui commanda au mangaka un album mettant en avant leur fondatrice. Un très bel ouvrage aux accents poétiques, qui privilégie les images au texte, et qui arrive parfaitement à retranscrire les sentiments de Tomoji au cours de sa jeunesse.
#Années1920, #Biographie
Elle s’appelait Tomoji de Jirô TANIGUCHI (2014), one-shot aux éditions Rue de Sèvres.
Plus d'univers mangas à découvrir sur izneo
Vous cherchez à découvrir d'autres séries ? Découvrez nos recommandations dédiées à notre communauté !
- Le top des mangas shonens et seinens du moment
- Handicaps et maladies : des mangas sensibles et émouvants en parlent
- Notre top 20 de mangas "sous-côtés"
- Escaladez l'Everest et le Sommet des Dieux avec Jirô Taniguchi
- Embarquement immédiat pour l'aventure avec Drifting Dragons
- Ajin : découvrez cette perle manga méconnue