"Tokyo Ghoul, qui est la proie, qui est le chasseur ?"
"Tokyo Ghoul, qui est la proie, qui est le chasseur ?"
Une enquête de Zinella, Super Lectrice sur izneo
Le manga d’origine comporte 14 tomes, et c’est de lui qu’il est question aujourd’hui. L’auteur y a créé un univers sombre où un jeune adulte, Ken Kaneki, est brutalement confronté au monde terrifiant du combat entre goules et humains.
Entre apprentissage, action, pouvoir(s) et suspense Sui Ishida use de ses personnages, à la fois complexes et torturés, pour traiter de thématiques fortes et contemporaines : l’acceptation de soi et de l’autre, la différence et le regard qu’y porte la société. Métaphore du monde d’aujourd’hui, Tokyo Ghoul exclut tout manichéisme et interroge les notions de victimes et de bourreaux, de bien et de mal et de la nature humaine.
Ken Kaneki, histoire d’une tragédie
Car Lize est une goule, et lors d’un rendez-vous qui tourne au désastre, Ken va recevoir un de ses organes… pour se réveiller mi-goule mi-humain. Soudain, il ne supporte plus le goût de la nourriture, sa résistance est décuplée, et surtout, il se retrouve pris de pulsions meurtrières dues à la faim.
Terrifié à l’idée de perdre sa “dignité d’être humain”, dégoûté de sa nouvelle nature, il tentera même de se suicider. Nourri aux reportages télé qui effraient la population, décrivant les goules en monstres assoiffés de chair humaine, il a fait sienne cette vision d’un monde qu’il ne connaît pas.
Mais son nouveau statut va le mettre en relation avec d’autres goules. Il va, petit à petit, apprendre à les connaître et comprendre leur monde... et découvrir que rien n’est tout noir ou ton blanc. Il va commencer à changer et à être prêt à assumer une partie de ses nouveaux pouvoirs. En tant que mi-homme, mi-goule, il va se donner la mission de faire un pont entre leurs 2 mondes. Puis celle de devenir fort afin de protéger ceux qu’il aime.
Mais dans un monde profondément injuste a-t-il une seule chance d’y parvenir ?
L’Antique
Et cela, sans tuer lui-même, car il y a bien d’autres solutions pour se nourrir. L’Antique permet aux goules qui le souhaitent de vivre une vie, aussi normale que possible, dans l’ombre des hommes.
Le sommet de la chaîne alimentaire
Celui qui se considère comme le prédateur ultime, dont le mode de vie et les armes ont décimé des populations entières d’espèces animales, se voit soudain ravalé au rang de nourriture.
Face à eux, les goules sont dotées d’un odorat surdéveloppé, d’une peau résistante, de capacités de régénération avancées, d’une grande mobilité… Chacune est de plus équipée d’un kagune, un appendice supplémentaire qui leur sert à chasser et à combattre. A écailles, ailés, blindés, ou à queue, ce sont des armes redoutables. Et seule la chair humaine peut calmer leur faim.
Le combat est-il équitable ? D’un côté les goules, des êtres aux capacités hors-normes, mais souvent solitaires et désorganisées, bien que des factions existent. De l’autre, la multitude des humains et la puissance de leurs organisations, dont le Centre de Contrôle des Goules n’est pas le moindre. Les inspecteurs du CCG sont impitoyables, portés par une conviction profonde : les goules sont des monstres.
Aucune nuance, aucune pitié. Il ne peut y avoir de “bonnes” goules, juste de dangereux prédateurs qu’il faut éliminer par tous les moyens.
Tokyo Ghoul et la littérature
Que les œuvres soient fictives, comme celle de L’oeuf de la chèvre noire de Sen Takatsuki, un des romans préférés de Ken où l’un des personnages y est justement “esclave de pulsion brutales“... Ce roman joue par ailleurs un rôle clé dans le destin de Ken, puisqu’il est l’élément qui a permis à Lize de l’aborder et de le piéger.
Ou qu’elles soient réelles comme avec le très connu La métamorphose de Kafka où le personnage se transforme en insecte et où ses goûts alimentaires changent… jusqu’au conte de Kenji Miyazawa, Un restaurant bien ordonné, sorte d’Hansel et Gretel japonais.
Tokyo Ghoul Re
Et ce, pour une bonne raison : avec Tokyo Ghoul Re, et sous couvert de prendre un nouveau départ, l’auteur change d’axe. Si dans la première série nous évoluions principalement du point de vue des goules, c’est ici l’inverse. 2 ans se sont écoulés lorsque nous rencontrons la nouvelle équipe du CCG, dans laquelle le Centre place beaucoup d’espoir : les Quinckes, une nouvelle race d'inspecteurs qui a accepté de subir une opération leur donnant certains attributs des goules.
Si le départ paraît brouillon, des ponts se créent très vite avec la série originelle. Avec le retour de certains protagonistes d’abord, puis par tout un réseau de liens et la découverte de nouvelles manipulations qui se mettent en place petit à petit.
Conclusion
Tokyo Ghoul est un manga surprenant, loin de tout manichéisme simpliste.
Derrière l’aspect horrifique et divertissement, il pose de vraies questions sociétales et pousse le lecteur à réfléchir : où se situe-t-il dans la parabole des goules et du CCG ?
Tokyo Ghoul nous montre que les lignes ne sont pas aussi claires que certains aimeraient le croire… Que ce soit dans la connaissance de nous-même, de nos propres désirs et pulsions, mais aussi de nos préjugés, et dans notre rapport aux autres. Il nous pousse à faire un pas de côté, pour tenter d’englober tous les aspects d’une question et de ne plus la concevoir de son seul point de vue interne, et forcément subjectif.
Une volonté qui transparaît clairement avec Tokyo Ghoul Re. Tokyo Ghoul satisfera autant les adaptes de manga d’action, de combats et de suspense que ceux qui attendent un peu plus de réflexion et d’originalité.
Par Zinella, Super Lectrice sur izneo
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