On peut penser que c’est son style graphique qui a permis à Jirô Taniguchi de conquérir le public européen. Il faut reconnaître que ses albums aux cases rigides, au dessin précis et réaliste, évoquent la bande dessinée franco-belge qu’il a découvert dès le début de sa carrière. On peut aussi imaginer que ses histoires humanistes, dans lesquelles des personnages contemplatifs surnagent sur les flots mouvementés de leur existence, plaisent à un lectorat habitué aux histoires du quotidien.
Il faut plutôt reconnaître que ce qui attire dans ses mangas, aux airs de romans graphiques, réside dans leur aura japonaise, dans laquelle l’homme se place au cœur de la nature et tente d’en saisir les mouvements et la beauté. En plongeant dans cette œuvre, on découvre qu’elle n’est pas faite que d’histoires mélancoliques et intimistes comme La forêt millénaire.
Taniguchi a d’abord créé des histoires mettant en scène des animaux, puis a proposé des polars, des romans historiques, Les gardiens du Louvre, des récits biographiques, Un zoo en hiver, des aventures sportives, Blue corner ou épiques Le sommet des dieux.
Cette série sur l’alpinisme réalisée entre 2000 et 2003 et distribuée en France chez Kana depuis 2004 est à la fois un superbe documentaire et un immense hommage aux alpinistes japonais qui ont pris des risques terribles pour assouvir leur passion et vaincre les sommets du Japon, des Alpes et de l’Himalaya.