Entre ici et ailleurs, des migrations au goût de miel amer

Entre ici et ailleurs, des migrations au goût de miel amer

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Là où vont nos pères

Présenté par Esta

Il faut que tu comprennes,
Que personne ne pousse ses enfants dans un bateau
A moins que la mer te semble plus sûre que la terre.
Extrait de Home, poème de Warsan Shire.

Mot fourre-tout en politique, l’étranger est pourtant décrit par une pléthore de termes … dissemblables. Ne parle-t-on pas d'expatriés (Fikrie), de travailleurs immigrés (Macaroni ! et Plus profond que la mer), de migrants économiques (Village Global), de réfugiés (Les Oiseaux ne se retournent pas, Khalat, Haytham) , de demandeurs d’asile (Là où vont nos pères, Village Global) , de clandestins (Un Voyage sans retour, Amazigh), ou de deuxième génération (Baume du Tigre, Entre ici et ailleurs) ? Les espoirs et les joies, eux, sont universels, Dieu merci, car c’est bien ça qui nous lie. 
Derrière les batailles de mots, il y a surtout des êtres humains et leurs histoires. Celles-ci permettent de faire un pas vers l’autre. Car il faut bien l’admettre, comprendre l’autre, c’est aussi un peu se comprendre soi. 
Et puis, enfin, ces histoires sont drôles, bouleversantes, sombres ou lumineuses, très souvent poétiques ou même amoureuses. Vachardes et hilarantes, aussi. En tout cas, elles vont peut-être vous connecter avec votre côté nomade, ou vous emmener … ailleurs, un ailleurs au goût de miel parfois amer. 
Toutes les migrations

Là où vont nos pères : le modèle onirique
Les Ombres : là où n’arrivent pas les enfants

Ces deux albums-là se répondent comme les masques de théâtre antique dont on ne sait jamais à l’avance lequel vous sera attribué. Deux pendants d’une poésie bouleversante, d’une beauté à couper le souffle, et de fortes émotions contradictoires. L’un est lumineux, parle d’espoir, de découverte et de nouvelle vie. L'autre, très sombre, honore la bravoure que l’on ne rencontre que chez les purs, victimes de violences inouïes et de dés pipés. Dans l’un, le père part en premier préparer la venue de sa famille; dans l’autre, le grand-père, seul survivant de la famille, intime l’ordre aux enfants de fuir. Les deux faces d’une même pièce, que pourtant tout oppose.

Là où vont nos pères

Là où vont nos pères Shaun Tan
Parfois, souvent, les mots ne sont pas suffisamment courageux ou clairvoyants pour exprimer le déchirement ici et l’espérance ailleurs. Là où vont nos pères, c’est d’abord une succession de petites cases muettes, pour tous ces petits instants éphémères qui entaillent le cœur. La valise bouclée serré, le dernier baiser, le premier pas là-bas…Ce sont aussi de superbes planches doubles sur l’immensité perçue d’un cadre de vie étrange(r). Des doubles pages époustouflantes pour également dénoncer les oppressions. Enfin, et surtout, Là où vont nos pères, ce sont de sacrés rayons de soleil ! Toutes ces confusions involontairement drôles des nouveaux arrivants vite effacées devant le sourire et l’entraide des “installés”, le dur labeur illuminé par la réunion avec les siens.. Album unique, magnifique et universel, il aborde de manière onirique ces sentiments d’espoir, de sécurité enfin atteinte et de futur possible auxquels aspirent ceux qui fuient la terreur.
Auteur : Shaun Tan - Éditeur : Dargaud 
Là où vont nos pères
Là où vont nos pères Shaun Tan

Les Ombres

Les Ombres Vincent Zabus  Hippolyte
“Si tu meures, nous mourrons une seconde fois. L’histoire de notre vie, supprimée, oubliée.” Arrivés à la forteresse en métal qui trie les demandes d’asile, un grand frère hésite à déconstruire l’histoire qui l’a amené lui et sa petite sœur aux portes de l’Autre Monde. Les deux jeunes, dont les noms ne seront jamais mentionnés, habitaient le Petit Pays, au riche sous-sol convoité par le voisin. Lorsque les cavaliers sanguinaires mirent le pays à feu et à sang, ils n’eurent d’autre choix que de fuir et survivre. Au génocide, à l’exploitation esclavagiste, aux violeurs, aux passeurs. À la maladie des exilés aussi,  celle qui  s’en prend à ce qui fait d’eux des personnes singulières. Ils seront accompagnés par les Ombres, présence des êtres aimés. Chef d'œuvre d’une grande poésie graphique et narratrice, Les Ombres est bouleversant. Le constat est noir et laisse peu d’espoir. Un très beau mais bien sombre plaidoyer, pour ces mineurs marchant la route de tous les périls.
Scénario : Vincent Zabus - Dessin et couleur : Hippolyte - Éditeur : Dargaud
Les Ombres
Les Ombres Vincent Zabus  Hippolyte

Entre guerre d’affiches burlesque et terrils de charbon

Pour se remettre un peu, changeons d’intensité d’émotion et de registre … Bien que vraiment différents, les deux récits suivants, Village global  et Macaroni !, ont d’abord pour points communs de l’humour (beaucoup), et une drôle de tendresse pour nos petits défauts et nos grandes peurs. Mais ce qui est frappant au-delà de l’émotion et des sourires garantis, c’est un certain sentiment d’impuissance: demandeurs d’asile en attente d’une réponse à leur dossier, immigré italien secoué par le sentiment de n’avoir jamais rien décidé comme si sa vie n’avait pas été la sienne, et lassitude des populations autochtones d’être oubliées des politiques.

Village global

Village global
A Mazé, petit village de 500 habitants, la révolte gronde : la préfecture impose l’arrivée de 3 demandeurs d’asile. L’escalade des mots et des peurs se fait à coups d’affiches un peu rageuses qui prêtent à rire. Tout cela tourne vite aux rendez-vous secrets nocturnes et aux coups de colle revanchards. S’affrontent d’un côté la crainte de l’insécurité, le manque de boulot, le bruit, le financement qui serait mieux distribué aux gens locaux, et de l’autre, le principe de solidarité, l’intégration possible, la contribution sociale et économique. Puis vient le temps des rencontres, des vraies, Alors forcément, quand on parle de personnes et pas d’idées politiques, le contour des choses est quelque peu modifié.
VIllage global est l’album le plus drôle de tout cet univers. Il griffe avec tendresse de tous côtés et, surtout, il abat les murs de l’incompréhension et des peurs pas toujours fondées. La base d’un vivre ensemble plus harmonieux. 
Scénario : David Lessault - Scénario et dessin : Damien Geffroy - Éditeur : Steinkis
Village global
Village global

Macaroni !

Macaroni ! Vincent Zabus  Thomas Campi
Vita di merda. Elle, elle ne sait pas ce que c’est, être au fond, dans le noir, la chaleur, la poussière”. Nonno est un Macaroni, quolibet donné aux Italiens invités à travailler dans les mines de charbon de Belgique. Beaucoup avaient troqué le soleil méditerranéen pour broyer du noir, au propre comme au figuré, fuyant la famine pour gagner .. une misère. Nonno (grand-père en italien) se voit confier - pour quelques jours mais avec peu d’enthousiasme - la garde de son petit-fils Roméo. Entre le “vieux chiant” et le “stupidino”, ça n’est pas gagné d’avance. Pourtant, avec l’aide du cochon Mussolini et d’une petite voisine qui ne veut pas être embrassée, une certaine complicité et un réel attachement vont naître. Mieux encore, une redécouverte entre générations de l’immigration. Romeo et son père vont se réconcilier avec l’histoire familiale et celle avec un grand H., pour mieux vivre la leur. Car pour Nonno, encore plus que les cauchemars de la guerre et les bouteilles d’oxygène, c’est un rêve inabouti, un rêve volé pour un mirage, qui le hante.  Entre des cases remplies d’humour tendre et des couleurs chaudement nostalgiques, Macaroni ! sono un bel tributo agli immigrati italiani.
Scénario : Vincent Zabus - Dessin et couleurs : Thomas Campi - Éditeur : Dupuis
Macaroni !
Macaroni ! Vincent Zabus  Thomas Campi

Fake love et grand amour


Entre séduction, survie et sentiments, les relations amoureuses n’épargnent guère les couples “internationaux”, bien au contraire. Des joies plus grandes parfois, des peines aussi peut-être, des défis,certainement. Fikrie et Tom se confronteront au problème de la sincérité de leurs sentiments. Mais il est aussi des histoires d’amour Plus profondes que l'océan et des vies bâties avec force chansons et contes. En fin d’histoires, deux familles soudées, aimantes et pêchues à souhait.

Fikrie

Fikrie Joël Alessandra
Sur les traces d’Arthur Rimbaud à Djibouti. Entre balades en brousse, cocktails, organisations de spectacles, le travail de Tom, fraîchement débarqué de Paris pour sa première mission, consiste à essaimer un peu de culture française à l’étranger. Mais il ne sait pas encore que le Khât fait venir les Djinns.
Elle était fort déshabillée / Et de grands arbres indiscrets / Aux vitres jetaient leur feuillée / Malinement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise, / Mi-nue, elle joignait les mains./ Sur le plancher frissonnaient d'aise/Ses petits pieds si fins, si fins.” . Arthur Rimbaud, Première Soirée.
Toutefois, lorsque Fikrie, la magnifique bonne qui n'eut guère de mal à séduire le pauvre Tom, lui raconte ses fuites tragiques autour d’une tasse de café éthiopien, les illusions d’Européen mal dégrossi vont le pousser … à certains extrêmes. Carnet de voyage, poésie, amour impossible, Fikrie est tout cela, mais plus aussi. C’est une ode à l’Afrique, à ses habitants.. et à ses destins parfois cruels. Une mise en couleurs superbe par un auteur qui n’en est pas revenu indemne.
Auteur: Joël Alessandra - Éditeur : La Boîte à Bulles
Fikrie
Fikrie Joël Alessandra

Plus profond que l’océan

Plus profond que l’océan Laura Janssens Laïla Koubaa
Papy Monji rassure ses petits-enfants: “Mais ici aussi, c’est mon pays. Lorsque nous sommes arrivés en France, nous avons mélangé la terre de nos ancêtres avec celle d’ici”. Papy brode et enjolive avec délice et tasses de thé les aventures de sa vie, de son enfance tunisienne mi-figue mi-raisin à son arrivée en France mi-raisin mi-figue, en n’oubliant surtout pas la rencontre d’une charmante et jolie Belge. A l’époque, avoir rendez-vous avec un homme d’une autre origine n’était pas toléré, admit-il. Le couple dut subir nombre de remarques désobligeantes, mais était résolu à se marier par amour, le vrai. Pour Papy Monji, chez lui, c'est là où vivent ses enfants. L’amour d’un père pour son enfant est plus haut qu’une montagne. et l’amour d’une mère, plus profond que l’océan. Et ces amours ici s’expriment aussi dans les contes de là-bas et beaucoup de tendresse.
Texte : Laïla Koubaa - Dessin : Laura Janssens - Éditeur : Steinkis
Plus profond que l’océan
Plus profond que l’océan Laura Janssens Laïla Koubaa

La transmission aux générations d’après

“Partir, c’est mourir un peu, et c’est surtout les enfants qui portent le deuil”, dit Kamel à Coralie.On parle souvent des primo-arrivants, mais plus rarement de leurs enfants, exposés à deux cultures de par la force des choses. La double culture amène parfois à une quête de soi ..; un peu particulière. Ces enfants sont-ils mi-ceci et mi-cela, ou bien les deux pleinement à la fois ? Comment intègrent-ils l’histoire de leurs parents, souvent parsemée de misère ou de terreur ? Entre traditions d’un pays et  us et coutumes de l’autre, que garder et qu’écarter ? Le métissage atténue-t-il le racisme ?

Baume du tigre

Baume du tigre
Le baume du tigre est un remède traditionnel venu d’Asie que l’on trouve dans toutes nos pharmacies. Tout un symbole pour cette histoire. Grand-père gère sa famille comme son restaurant chinois, en communauté et selon un esprit traditionnel. Trois générations vivent dans une belle maison au bord de la mer, un peu éloignée du village dans lequel la famille s’est installée depuis presque 50 ans. Patriarche dont l’autorité ne saurait être remise en question, pourvoyeur et protecteur de toute la famille, marqué par le racisme ordinaire et le sentiment de ne devoir sa place qu’au fruit de son travail, Grand-père tombe des nues lorsque ses petites-filles s’enfuient de la maison, en quête de libertés. Cette opposition frontale va faire déborder “la fondue” familiale, réveiller les traumatismes du passé et mettre en avant l’impact sur les femmes de 4 générations successives. Autant les traumatismes dus à la Révolution culturelle qu’aux choix parfois difficiles à effectuer entre assimilation, intégration et liens conservés avec l’héritage culturel. Baume du tigre, un premier album, est un hommage touchant aux ancêtres chinois de l’auteur, qui pose de vraies thématiques malgré un graphisme un peu sec.
Auteur : Lucie Quéméner - Éditeur : Dargaud Benelux
Baume du tigre
Baume du tigre

Entre ici et ailleurs

Entre ici et ailleurs Vanyda
Coralie est franco-laotienne. Elle ne se pose que peu de questions par rapport à sa double culture. Elle vit simplement la vie des jeunes adultes en France, entre boulot, soirées et relations. Des ruptures amoureuses, des rêves et des conversations avec Kamel, un ami kabyle, vont lui faire prendre conscience d’un certain racisme latent et réaliser que les enfants d’immigrés “trimballent des choses” qui ne leur appartiennent pas forcément. Alors quand Kamel veut redécouvrir le pays de ses parents, Coralie commencera un processus qui lui fera en apprendre plus sur elle-même et ses propres origines. Sa vision de la vie en ressortira changée. Entre ici et ailleurs est un album optimiste et contemporain. Les jeunes adultes au double héritage, qui n’ont pas vécu les mêmes drames que leurs parents mais qui sont forcément atteints de par leur histoire, y liront peut-être une filiation avec l’autre pays ainsi que le besoin de réconcilier des racines doubles et d’autres visions du monde.
Auteur : Vanyda - Éditeur : Dargaud Benelux
Entre ici et ailleurs
Entre ici et ailleurs Vanyda

Un Voyage sans retour et un Retour sans voyage

Oisiveté et manque d’avenir au pays ont toujours constitué de puissants moteurs de l’immigration. Certains sautent le pas de manière clandestine. Voyages et retours se croisent et se contredisent dans ces deux prochains romans graphiques plutôt réalistes. Dans son Voyage sans retour, Malik arrivera en Italie sans vraiment l'avoir cherché;  Mohamed, l'Amazigh, sera refoulé malgré une détermination sans faille. Ces contradictions seront à l'origine de leur  transformation personnelle.

Un voyage sans retour 

Un voyage sans retour  Gaspard Njock
Malik, le “général Ben Ali” et “Kabila” se retrouvent à Lampedusa, l’île italienne au large des côtes tunisiennes qui sert de centre de réception des migrants qui veulent traverser la Méditerranée. Après un prison break subi plutôt qu’entrepris, Malik est pris en charge par une association napolitaine en attendant que sa situation se régularise. Il devra se confronter à ses choix et surtout à leurs conséquences. Pour Malik, au Cameroun, l’ennui, la morosité et l’oisiveté étaient les pires des tortures. Il ignorait que parfois, une action insignifiante peut prendre des proportions inimaginables. Certes, il se sentait en exil dans son propre pays, mais à Naples, il se retrouve dévasté par les images, les parfums, les saveurs de la maison. Et le sentiment d’avoir failli à toute sa famille. Finalement, il ne se sent ni d’ici, ni d’ailleurs. Un Voyage Sans Retour est l’un de ces albums sans concession qui aborde la motivation (ou son manque) d’un départ par hasard. Le récit d’une transformation, mais à quel prix !
Auteur : Gaspard Njock - Éditeur : Nouveau Monde Éditions

Un voyage sans retour
Un voyage sans retour  Gaspard Njock

Amazigh

Amazigh Cédric Liano
La lutte est comme un cercle. Elle peut se commencer à n’importe quel point mais elle ne se termine jamais”. Mohamed est un amazigh, un “homme libre” issu d’une tribu d’Afrique du Nord présente bien avant les invasions romaines ou arabes. A 18 ans, passionné de dessins mais ne se voyant aucun avenir dans son pays, il décide de partir clandestinement en Europe. D’une détermination à toute épreuve, il trouve dans la motivation de sa future réussite le courage de tout subir: la fuite en douce de la maison familiale, les passeurs, la traversée vers les Canaries, les centres de détention successifs et les interrogatoires de plus en plus poussés. En vain. Il sera refoulé et renvoyé au Maroc. Piteux mais ayant découvert l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca, il fera la paix avec ses parents avant de se trouver professionnellement. Il faut parfois se perdre ailleurs pour se trouver chez soi. Amazigh est une histoire vraie, née de la rencontre entre celui qui est devenu l’immense artiste Mohamed Aredjal et Cédric Liano, parti enseigner la BD au Maroc. Une histoire de transformation intérieure par un voyage extérieur qui n’a de l’échec que l’apparence.
Auteur : Cédric Liano - Éditeur : Steinkis
Amazigh
Amazigh Cédric Liano

Les périples syriens

Faut-il encore présenter l’exode massif de ce peuple fuyant les bombes et la barbarie sans nom perpétrée de parts et d’autres au nom de .. rien de bien ? Entre drames et espoirs, déchirements et nouvelles vies, certaines histoires se suffisent à elles-mêmes. 

Les Oiseaux ne se retournent pas

Les Oiseaux ne se retournent pas Nadia Nakhlé
Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir”, Mahmoud Darwich. Amel dit adieu à son pays en plein milieu d’un bombardement. Ses grands-parents (Jedo et Jeda en arabe) lui font répéter les règles de ce voyage pas comme les autres: avancer quoi qu’il arrive; ne pas montrer ses peurs; éviter les passeurs et les militaires; ne donner sa confiance à personne”. Amel a 12 ans. Dans un camp de réfugiés, elle se lie d’amitié avec un musicien soldat qui refuse la guerre. “Deux oiseaux, l’un porte sa mélancolie, l’autre l’espoir. Et tous deux avancent vers le même horizon”. Leur chemin sera parsemé d'embûches mais aussi d’accords d’oud. Ils vont naviguer entre les mirages et la musique, ne se retournant pas. Avant la grande traversée, ils se promettent de ne pas se perdre. “Tu te souviens, je t’avais promis un poème”. Les Oiseaux Ne Se Retournent Pas est une élégie orientale en noir intense et au rouge vif, rehaussée d’arabesques sombres et de notes d’espoir.
Auteur: Nadia Nakhlé - Éditions Delcourt / Mirages

Les Oiseaux ne se retournent pas
Les Oiseaux ne se retournent pas Nadia Nakhlé

Khalat

Khalat Gulia Pex
Khalat vit dans le Kurdistan syrien. Elle a de la chance, son frère à qui son père vient de déléguer la charge de la famille, est ouvert aux études pour les femmes. De la guerre, elle écrit : “Ce ne fut d’abord que des chants lointains. Puis, de plus en plus forts. A la fin, les cris et les détonations”. De retour de Damas, elle se rend compte d’un air nouveau chez elle, un air d’attente. Le kurde est parlé librement dans la rue sans que la police arabophone n’intervienne. Mais lorsque son frère rejoint les forces rebelles anti-régime avant de disparaître et que les combats entre les milices islamistes, l’armée syrienne et les rebelles kurdes s'intensifient, la fuite devient vite la seule chance de survie. Dans un camp irakien tout d’abord, puis à travers 8 frontières avant d’atteindre l’Allemagne. “Ce récit, évoqué par David Coltri dans son recueil Dov’è casa mia, est raconté par Khalat elle-même dans son journal intime à partir de mars 2011, au moment du début du printemps arabe, jusqu’en 2015, année qui marque la fin de la révolution arabe et le début de l’exode massif des migrants vers l’Allemagne”.
Autrice : Gulia Pex - Éditeur : Presque Lune
Khalat
Khalat Gulia Pex

Haytham, une jeunesse syrienne

Haytham, une jeunesse syrienne Nicolas Hénin Kyungeun Park
Haytham avait 4 ans quand Hafez El-Assad est décédé. Le père d’Haytham, Ayman Al-Aswad, était un opposant influent au régime, très actif notamment pendant le printemps de Damas en 2000. Fait peu connu, mais en Syrie, 10 ans avant le printemps arabe, fut effectivement ouverte une période d’espoir politique. Celle-ci ne dura pas, les services de renseignement faisant leur sale boulot plutôt très efficacement. En 2011, la révolution syrienne emboîta le pas à ses voisines. Lorsque les premières manifestations eurent lieu et que les balles du régime atteignirent leurs premières victimes, le père d’Haytham devint citoyen-reporter pour les chaînes étrangères. Bachar El-Assad décida vite d’envoyer les chars, “le siège” put commencer. Après quelques péripéties, Haytham et sa famille durent fuir et se réfugier en France, où Haytham entreprit de brillantes études. L’histoire et le combat d’Haytham et son père sont tous deux véridiques, racontés avec doigté par Nicolas Hénin, grand reporter et otage de Daech pendant un an. Le récit d’une révolution inaboutie, et d’un activisme sans repos.
Scénario : Nicolas Hénin - Dessin : Kyungeun Park - Éditeur : Dargaud
Haytham, une jeunesse syrienne
Haytham, une jeunesse syrienne Nicolas Hénin Kyungeun Park