Manu Larcenet - La Route et bien plus
Manu Larcenet - La Route et bien plus
Biographie de Manu Larcenet: du Yeti à Fluide Glacial
Emmanuel Larcenet, alias Manu Larcenet est loin d’être étranger au paysage de la bande dessinée française. En effet, à la suite de ses études de graphismes dans le domaine de l’expression visuelle, Manu Larcenet publie ses premières histoires humoristiques dans le magazine Yeti. Une revue mensuelle qui, de 1990 à 1991 publie des récits humoristiques et érotiques, dont il signe la couverture du sixième numéro en 1991. De la fin des années 90 aux débuts des années 2000, l’auteur rejoint le célèbre magazine Fluide Glacial, et marque ce dernier par ses récits imprimés d’une dualité particulière entre l’humour et le drame. C’est d’ailleurs en 1997, par le biais de la maison d'édition indépendante “Les rêveurs” dont il en est le cofondateur avec Nicolas Lebedel, qu’il dispose d’un espace pour y publier ses ouvrages personnels.
Manu Larcenet et Dargaud : Blast
L’une des œuvres fondatrices de l’auteur qui avait interpellé les lecteurs via un récit aux frontières du polar noir. Blast lève le portrait énigmatique de Polza Mancini, un homme solitaire livré au commissariat pour un délit effroyable. Dès cet instant, il nous livre le récit de sa vie et la quête qui l’altéra à jamais : celle de la recherche du “Blast”. On y découvre une ambiance à la fois lourde et prenante, un rythme lent, jouant sur le silence et la gestion de l’espace. De cette façon, Manu Larcenet varie les techniques narratives pour renforcer l’implication émotionnelle du lecteur dans cette chronique humaine et sociale. Cette œuvre permet de traiter des thématiques telles que notre rapport à la normalité, la différence, l’estime de soi et le respect d’autrui.
Le combat ordinaire
Dans une histoire plus intimiste que jamais, “Le combat ordinaire” bouleverse une nouvelle fois le paysage de la bande dessinée. Pour cette nouvelle œuvre, il s'associe avec son frère coloriste Patrice Larcenet pour la mise en couleur. Le combat ordinaire reçut en 2004 le prix du meilleur album BD du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême. Au sein de ce récit semi-autobiographique, on découvre le photographe Marco en pleine interrogation de ce qu’il souhaite faire de sa vie. L'œuvre surprend par ses variations de tons sans perdre le lecteur, et aborde des thématiques similaires à Blast mais avec une expérience narrative nouvelle.
Le retour à la terre
Imaginez un citadin, dessinateur de bandes dessinées, qui décide subitement de partir s’installer à la campagne alors qu’il n’a connu rien d’autre que le bitume et les barres d’immeubles. La transition est difficile mais hilarante. Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri signent ici une série qui semble relativement autobiographique et qui offre de beaux éclats de rire.
Thérapie de groupe
"Thérapie de groupe" met en scène de façon éblouissante un auteur de bande dessinée à la recherche de l'inspiration. Dans une quête inlassable, il parcourt l'univers de la création. Il remonte l'Histoire, fait appel aux plus grands peintres, interpelle Boileau, Nietzsche ou Dieu Lui-même. Faire rimer humour et désarroi n'est pas à la portée de tous les poètes mais avec cet album drôle et émouvant, cultivé et percutant, c'est l'exploit que réalise l'auteur.
La route
L’auteur n’est pas à son premier essai d’adaptation de grandes œuvres littéraires avec “La route”. En 2015, il s’était penché sur l’histoire de Philippe Claudel avec Le Rapport de Brodeck : une immersion dans les abysses de l’âme humaine et les atrocités de notre histoire. En 2024 Manu Larcenet réitère l’exercice avec le chef-d'œuvre post-apocalyptique du romancier américain Cormac McCarthy. C’est ainsi que dans un premier temps, Manu Larcenet décide de se baser sur la première moitié de l’histoire pour y construire les fondements de son univers. Et dans un second temps de se laisser transporter par son récit et ses personnages pour y insuffler une patte plus personnelle. "La route" retrace l'errance suffocante d’un père et d’un fils qui nous dépeint un monde gris et glacial couvert d’embruns et de cendres. Malgré ce voile sombre, des hordes sauvages de cannibales et cette peur au ventre grandissante, une histoire pleine d’humanité se cristallise entre ses deux personnages.