Ajin : découvrez cette perle manga méconnue.
Ajin : découvrez cette perle manga méconnue.
Univers
Présenté par Noukida
Pour faire court, il s’agit d’un manga en 17 tomes, prépublié au Japon dans le magazine Good! Afternoon. Il est classé comme étant un seinen, c’est-à-dire un manga qui vise de jeunes adultes, donc un public plus âgé que les shonen (parmi lesquels on retrouve Naruto et One Piece par exemple). C’est donc une œuvre plus sombre et, si j’ose dire, plus mature.
Ajin - semi-humain, une série passionnante et originale
Depuis 17 ans, les pays du monde sont lancés dans une course les uns contre les autres. Chacun souhaite percer le mystère des Ajins et pour cela, une seule solution : les débusquer, les capturer et les étudier. Les Ajins sont discriminés dans les sociétés : on ne les pense même pas humains, on les rabaisse, mais au fond tout cela n'est dû qu'à la peur de l’inconnu. En effet, les Ajins, on ne sait pas trop ce que c’est. Enfin si, on sait que ce sont des gens qui ne meurent pas. Des gens comme vous et moi, qui, un beau jour, auraient dû mourir dans un accident de la route, dans un attentat, d'une blessure grave ou n’importe quoi d’autre. Mais ils ne sont pas morts, leur corps s’est reconstitué pour être de nouveau flambant neuf.
Une histoire aussi complexe que palpitante
Ajin nous fait suivre Kei Nagai, un étudiant comme tout le monde… A ceci près qu’il est un Ajin. L’histoire s’installe efficacement : pas de longueurs inutiles, on découvre la nature du personnage principal et les péripéties commencent. Très vite, notre héros est activement recherché par la police et voit sa tête s’afficher dans tous les journaux et sur toutes les chaînes de télévision. Il fuit, tenant à sa liberté. En considérant le nombre de morts par an au Japon, il se persuade qu’il doit exister bien plus d’Ajins qu’on ne le pense, car tous n’auront pas eut, comme lui, la malchance d’être tué et de revenir à la vie devant plusieurs personnes. Débute alors une histoire originale et pleine de rebondissements qui exploite réellement les mécaniques introduites par les Ajins et leurs spécificités. Car, non, les Ajins ne sont pas simplement des humains immortels. Sans nous noyer sous les descriptions de pouvoirs, modes de fonctionnements et autres expositions de scénarios, les auteurs introduisent les pouvoirs des Ajins avec une grande fluidité, ce qui permet d’être facilement emporté dans l’histoire.
Des auteurs à la plume d’une rare efficacité
Ils sont deux : Tsuina Miura et Gamon Sakurai. Miura a travaillé comme scénariste sur Sky High Survival et occupe le même poste dans la création d’Ajin. Gamon Sakurai, lui, s’occupe des dessins et aide un peu son acolyte au scénario. Ils sont souvent aidés d’autres dessinateurs qui complètent certaines planches. Petit fait intéressant : à la fin de chaque tome, une page répertorie le travail de chacun des artistes. Ajin présente un avantage que tous les mangas ne peuvent pas se targuer d’avoir : il est très clair. Grâce au trait simple et précis, on suit aisément les actions des divers personnages. Ce manga se pare souvent de grandes cases très belles, sans texte, exposant simplement les faits. Là où certains auteurs noieraient la page sous des onomatopées et autres exclamations de surprise, d'effroi ou de colère des personnages, Tsuina Miura et Gamon Sakurai préfèrent nous laisser constater les faits dans un silence parfois pesant.
Un manga regroupant une myriade de points forts
Au-delà de l’intrigue (qui vient d’ailleurs très naturellement à nous en tant que lecteur et qu’on a même pas le soucis de chercher), le manga pose des questions. On se retrouve souvent à se demander ce qui fait d’un être humain… bah un être humain, justement. Est-ce que finalement ce n’est pas la mortalité de l’Homme qui fait de lui ce qu’il est ? D’un côté, même ceux qui seront présentés comme “méchants” auront des intentions louables : donner aux Ajins les mêmes droits que tout être humain normal. Entre ce but honorable de la part des ennemis et l’insensibilité nihiliste du personnage principal, le lecteur ne sait parfois plus trop qui est le “héros” et qui a raison. L'attitude des humains “normaux” est également discutable. Entre ceux qui considèrent les Ajins comme des monstres, des fous à lier, et ceux qui les chassent de leur côté pour la soit-disant “gloire d’attraper un Ajin”, on a bien du mal à en trouver qui les acceptent tels qu’ils sont et ne les jugent pas, les trouvant encore humains. Mais on se questionne aussi sur les expériences scientifiques. Même si les Ajins ne sont pas considérés comme humains par la plupart des gens, peut-on vraiment mener sur eux des expériences inhumaines “pour faire avancer la science” ?
Une profondeur des personnages au service de l’histoire
Tout autant de questions qui reviennent hanter le lecteur et auxquelles les auteurs apportent des réponses nuancées. Ils réussissent à nous faire douter grâce à des personnages tous développés, avec leurs forces, leurs raisons et leurs faiblesses. Si on survole les personnages, on se rend compte par exemple que Tosaki a de vraies raisons de garder son post haut-gradé au Ministère de la Santé, bien que ses actions soient discutables. De même, sa “secrétaire” n’est pas là par hasard. Même si ce sont des détails qui peuvent paraître anodins, ils apportent une vraie profondeur aux personnages et à l’histoire, tout en étant introduits avec beaucoup de finesse. En tant que lecteur, on ne se sent pas agressé par les quelques flashbacks qui expliquent tout ça, et c’est un point fort de cette œuvre. Même si les personnages sont tous développés à égalité, on n’est pas pour autant submergé par les informations. L’histoire, déjà originale, en est enrichie et rendue encore plus entraînante.Si on résume, on a donc une histoire complexe et passionnante portée à merveille par des dessins clairs. Bref, c’est une petite perle trop peu reconnue !