T1 Une épatante aventure de Jules
Jules, gentil ado sans problèmes (excepté un petit frère qui veut lui trucider son cochon d'Inde), est sélectionné par l'Agence Spatiale Mondiale pour faire partie de la première expédition vers Alpha du Centaure. Le voyage va durer huit semaines pour eux, et huit ans en temps terrestre-à cause de la relativité... Le voilà donc embarqué avec son cochon d'Inde (clandestin) et les membres de la glorieuse équipe : deux farfelus qui collectionnent sept prix Nobel ; une petite copine de chambre assez énervée au début mais ca s'arrange ; un commandant de vaisseau qui, entre une cuite et une déprime, foire ses atterrissages et met en péril la paix galaxique ; et une jolie exobiologiste qui étudiera la vie extraterrestre dés qu'ils l'auront trouvée... Et en effet, ils la trouvent. D'abord sous forme de bestioles - des boules vertes qui sautent partout en hurlant " toooooiiiinn " - avec lesquelles le cochon d'Inde va se reproduire comme un lapin. Puis sous forme de créatures charmantes et décontractées qui ont atteint un niveau de civilisation trés pointu sans en faire un plat. On appréciait déjà Bravo dans Aleksis Strogonov, mais cette série de SF loufoque lui va comme un gant. L'aventure rebondit bien et tout est drôle : les personnages, le langage et le dessin - une ligne claire pas trop claire (sans le coté " bidon " qu'elle prend parfois), avec un petit air Pim, Pam, Poum et Pieds Nickelés tout à fait pimpant. Prépubliée dans Okapi, cette nouvelle série s'adresse en principe aux jeunes, mais les moins jeunes auraient tout intérêt à s'y plonger.
T3 Une épatante aventure de Jules
Revoilà Jules, Bastien, Janet et le cochon d'Inde Bidule en route vers l'aventure souterraine — la spéléologie, en clair. C'est l'euphorie générale, à un détail près : Roméo, l'odieux frère de Jules, est du voyage. Il paraît que la spéléologie développe la sociabilité, et Roméo a justement besoin de développer ça. Le quatrième équipier, c'est Hubert, le fils d'un médecin qui a réussi à tuer sa femme et son bébé en procédant lui-même à l'accouchement. Depuis, ce dangereux personnage a été recyclé maire du village — une occupation moins nuisible à première vue — et Hubert passe sa vie à explorer les grottes de la région. (Un cliché oedipien, le retour à la mère nourricière, d'après Janet.) Une fois tout le monde descendu au fond de la fosse Draco, Roméo manifeste aussitôt son talent en écrabouillant un pseudoscorpion : après des millions d'années d'adaptation à un environnement hostile, c'est le premier pseudoscorpion qui meurt de façon gratuite, victime de la bêtise humaine. Bravo. Et puis c'est l'éboulement et la catastrophe : les voilà coincés sous terre. Cherchant une issue. Jules glisse Bidule dans un trou pour voir où ça mène. Bidule revient paniqué, suivi d'une " main préhistorique " et, une fois le trou élargi, de l'homme préhistorique entier qui dit : " Je suis bien content. " En effet, ce pittoresque paléoanthropologue erre là-dedans depuis des semaines. En piteux état, il est encore capable de s'enthousiasmer pour le paléolithique et de dénigrer le néolithique — dont Roméo, qui continue de se conduire comme un sagouin, semple être un résidu représentatif. Pendant ce temps, tout le monde s'agite en surface : les sauveteurs, les parents, la télé, et, bien sûr, monsieur le maire, qui s'avère aussi nuisible dans son nouveau statut que dans celui de médecin. Malgré tout, une fois la tribu sauvée, on constate un miracle : Roméo est devenu poli et avenant. On parle que ça ne va pas durer ? L'expédition, à la fois cocasse et angoissante, nous apprend sur l'histoire de l'humanité des tas de choses qui devraient passionner aussi bien les neuf/quinze ans que les adultes. Le tout avec finesse et humour, grâce au talent d'Émile Bravo, lauréat du Prix Goscinny du jeune scénariste, dont le dessin est également bourré de charme.
T4 Une épatante aventure de Jules
Bidule, le cochon d'Inde de Jules et son meilleur copain, va mal. Si mal que les parents l'ont mis à la poubelle un peu hâtivement. En fait, d'après le vétérinaire (un type sensible et délicat qui a disséqué pas mal de cochons d'Inde dans sa jeunesse), il lui reste deux jours à vivre avec son cancer. Désespéré, Jules refuse. Et avec ce qu'on appelle justement "l'énergie du désespoir", il va secouer toute la planète (et même les autres), ainsi qu'un Prix Nobel et quelques chercheurs extraterrestres, pour tenter de sauver Bidule. D'abord il fugue en Angleterre avec Bidule, où Virginia Wilkins, génétitienne, Prix Nobel et maman de Janet, Janis et Jane, propose de lui fabriquer un clone immortel. Mais Jules ne veut pas d'un clone immortel, il veut son Bidule à lui, vivant. Ensuite, entraînant avec lui son papa devenu radioactif (voir épisode précédent) et beaucoup plus rigolo que d'habitude, il retrouve en Ecosse ses amis Tim et Salsifi, natifs d'Alpha du Centaure, avec qui il embarque pour Titan. De retour en Ecosse avec les médicaments capables de sauver Bidule — et un contre-temps spatio-temporel qui lui a fait perdre une année terrestre —, il retrouve une Janet montée en graine et un Bidule qui pète de santé. Beaucoup trop, en fait. Comprenant que Bidule est mort et que Madame Wilkins s'est adonnée à son péché mignon (le clonage), Jules écoute enfin les conseils avisés de Tim : "Il faut savoir accepter la mort et passer à aut'chose, sinon ça te rapporte que des emmerdes." On ne saurait mieux dire. Et, du même coup, il accepte de grandir. On apprend des tas de choses sur la vie et la mort des cellules, sur le mythe d'Orphée (dont on avait un peu oublié la fin), sur le climat qui règne en été dans la région de Saturne (méthane liquide et pluie d'azote à — 170°) et sur la façon dont on finit par accepter l'inacceptable pour revenir du côté de la vie. Le tout, traité avec légèreté, humour et sensibilité, s'adresse aux enfants comme aux adultes, tout le monde étant bien forcé un jour de regarder cette nuisance en face — la mort.
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