Résumé

Passé de mode dans la bande dessinée depuis quelques années après avoir fait rêver des générations de lecteurs, le récit de pirate effectue son grand retour à travers des séries telles que Long John Silver, Barracuda ou Les Campbell. Lecteurs, à l’abordage !

Les histoires de pirates ont enchanté notre enfance. De L’île au trésor de Stevenson au film Pirate des Caraïbes, dans la littérature comme au cinéma, elles ont toujours été synonymes d’évasion et de frissons, de mystère et d’aventure, d’exotisme et de rêves d’ailleurs. La bande dessinée n’a pas été en reste : Barbe-Rouge, pour ne citer que cette série classique de la BD franco-belge publiée dans l’hebdomadaire Pilote, a nourri l’imagination de nombreux lecteurs fascinés par les intrigues de Jean-Michel Charlier et les ambiances en clair-obscur de Victor Hubinon. Et puis, au fil des ans, les pirates sont passés de mode dans la bande dessinée, comme s’ils étaient tenus en lisière d’un monde moderne dans lequel les rebelles marginaux n’avaient plus leur place. On ne peut donc que se réjouir de leur retour en grâce depuis quelques années, à travers des œuvres aussi diverses que Long John Silver, une série dans laquelle Dorison et Lauffray imaginent le destin de ce célèbre pirate créé par Robert Louis Stevenson, ou ce Barracuda mené de main de maître par le scénariste Jean Dufaux et le dessinateur Jérémy.

Forts en gueule

On retrouve dans Barracuda les ingrédients du récit de pirate traditionnel, à commencer par tous ces personnages forts en gueule et inquiétants, éternels figurants d’une geste dont les codes ont été fixés voilà bien longtemps. Mais la série innove, ne serait-ce qu’en délaissant le cadre habituel qu’est l’océan pour situer le récit sur une île baptisée Puerto Blanco, ou en plaçant au centre de ses préoccupations la destinée de trois adolescents et les relations complexes qui se jouent entre eux. On peut compter sur Jean Dufaux pour enrichir la trame classique des histoires de pirates habituelles et pour malaxer de manière très personnelle la « pâte » humaine de ses personnages, lui qui a toujours privilégié dans ses scénarios des thèmes comme le pouvoir et la folie. Le scénariste est parfaitement secondé par Jérémy, jeune dessinateur qui signe ici sa première bande dessinée mais qui n’est pas un débutant pour autant, puisqu’il a été le coloriste de Philippe Delaby sur la série Murena. Et qui donne au récit une force graphique et une ampleur servant à merveille l’atmosphère flamboyante du scénario de Dufaux.